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Ergonomie : le conseil personnalisé au poste de travail

Publié dans Innovation Recherche & Développement le 01/10/2018 par CTC
Tout comme l’écologie autrefois, l’ergonomie est maintenant rentrée dans les mœurs ; dans les deux cas il s’agit de préserver un capital, environnemental dans le premier cas, humain dans le deuxième. Très nombreuses sont les entreprises à avoir pris conscience de l’importance de l’enjeu, aussi bien les dirigeants que les salariés. La démarche d’amélioration des conditions de travail au sens large doit donc être vue comme une démarche gagnant/gagnant. Les entreprises diminuent les conséquences financières et qualitatives dues aux TMS et les opérateurs accomplissent leurs tâches dans des conditions physiques et psychologiques optimums. Autres avantages pour l’entreprise : l’amélioration de son image auprès de ses clients, une meilleure attractivité pour embaucher, l’amélioration de l’ambiance et enfin la fidélisation de ses employés.

Jusqu’à présent, CTC a surtout proposé des dispositifs d’assistance au travail manuel, des harnais de maintien, voire des exosquelettes, développements que nous continuons à mener. Mais force est de constater qu’à elles seules ces solutions techniques sont insuffisantes. Des mesures organisationnelles doivent également être mises en place, comme la polyvalence des opérateurs, les formations PRAP (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique), les exercices physiques collectifs, les nominations de référents ergonomiques…

Certaines entreprises ont déjà pris progressivement ces mesures mais là aussi on arrive à des limites, avec une motivation des acteurs qui se dégrade. Devant ce constat, une entreprise a souhaité réaliser une action de "conseil personnalisé aux postes de travail". Le principe consiste à rencontrer les maroquiniers individuellement sur leur poste de travail, recueillir leurs besoins, les observer travailler et leur donner des conseils sur leurs postures et sur la manière de régler leurs postes de travail. Il s’agit donc de les impliquer dans cette démarche ergonomique, pour qu’ils deviennent acteurs de leur prévention des TMS.

Une des mesures prises par bon nombre d’entreprises concerne la polyvalence des opérateurs : elle permet de ne pas solliciter toujours les mêmes muscles. Toutefois, cette mesure peut aussi avoir un impact négatif si les opérateurs ne prennent pas le temps de régler leur siège ou leur table de travail à chaque changement de poste. Il faut donc que ces réglages soient faciles à réaliser et qu’ils deviennent un réflexe, comme on le fait avec les rétroviseurs d’une voiture. L’objet de cette démarche de conseil repose donc sur beaucoup de pédagogie afin de convaincre l’opérateur de l’utilité de ces réglages pour sa santé.

 

INTERVENTION DANS UNE MANUFACTURE DU CUIR DANS L’INDRE

Une mission de conseil au poste de travail a donc été réalisée auprès d’environ 200 maroquiniers. Pour chaque personne, une fiche individuelle a été remplie, comportant les postures à risque, les conseils prodigués et éventuellement les améliorations à effectuer sur les postes de travail. Le temps d’évaluation moyen a été d’environ une quinzaine de minutes, les maroquiniers avaient été bien sûr informés de cette intervention.
Les conseils ont porté principalement sur les postures des personnes et donc sur les réglages des sièges, des bâtis ou des tables et sur la position des pieds. À noter que, très souvent, ces personnes ne connaissent pas les différents réglages dont ils disposent.
Les principaux points relevés ont été les suivants (par ordre d’importance).


RÉGLAGE DES SIÈGES ERGONOMIQUES ET APPUI-PIEDS

Avant de prodiguer des conseils, il fallait assez souvent convaincre la personne de modifier sa posture. C’est sur ce point qu’il est parfois très difficile d’agir, surtout si elle ne ressent aucune douleur et qu’elle s’est accoutumée à une mauvaise position (dos courbé en avant ou bras tendu). Mais la plupart du temps elle accepte de rechercher une position plus adaptée, et il arrive qu’elle constate rapidement un mieux-être. Il ne s’agit pas bien sûr qu’elle reste figée toute la journée dans la même position, mais qu’elle sache revenir à cette posture lorsqu’inévitablement elle l’aura perdue, après un étirement par exemple. Idéalement, la personne doit pouvoir changer de position tout au long de la journée, travailler assis ou debout par exemple et se déplacer de temps en temps pour favoriser la circulation sanguine.

  • L’appui lombaire (en hauteur et en inclinaison) pour inciter le maroquinier à se redresser, le creux de la colonne doit être le plus souvent possible en contact avec le dossier. Remarque : certains maroquiniers se tiennent naturellement droits sans avoir besoin de dossier.

AStock-©PATTARAWIT

  • La hauteur du siège permet de limiter l’inclinaison de la tête (soulagement des cervicales), d’éviter l’élévation des épaules et de donner de l’amplitude aux bras (cas du travail de table, par exemple). Les bras doivent être sensiblement à l’horizontale et il faut éviter que l’opérateur ait à lever ses épaules.
  • L’inclinaison de l’assise (réglage très souvent méconnu), l’assise doit être très légèrement penchée vers l’avant afin d’éviter une trop grande pression sous les jambes (à proximité du genou).
  • L’appui des pieds est très important, surtout si le maroquinier doit effectuer des gestes amples ou s’il doit exercer une pression importante avec ses mains. Pour soulager les lombaires et favoriser la circulation sanguine, les pieds doivent reposer à plat et en avant. L’angle des cuisses avec les jambes doit être compris de préférence entre 90° et 110°. Souvent, il a fallu préconiser le rajout d’une planche ou d’un appui-pieds sous les tables d’encollage ou d’assemblage.

 

MACHINES À COUDRE

  • Hauteur de la table : les tables des anciennes machines ne sont pas faciles à modifier et les réglages sont souvent trop limités. Le problème est d’autant plus grand que la polyvalence exigerait la présence d’un réglage rapide. Il est donc préférable, lors de l’achat d’une nouvelle machine, de prévoir l’option "vérins électriques" (la société Echo Positif s’est spécialisée dans ce domaine).

EchoPositif

  • Pédale : il est recommandé de piquer avec les deux pieds posés dessus pour éviter un déhanchement. En cas d’impossibilité, l’autre pied doit reposer à la même hauteur et au plus près possible de la pédale. À noter que les pédales d’Echo Positif sont réglables en profondeur ; une tirette de commande évite à la mécanicienne de se baisser.
  • Postures extrêmes : il arrive que la piqueuse ait besoin de décoller son bras gauche du tronc et même de le lever vers l’avant (opération d’assemblage final de sac, par exemple). Dans ce cas, les bras, les épaules et les lombaires sont fortement sollicités. Pour les soulager, il existe un appareillage appelé Libergo (brevet CTC/SIS) fabriqué et commercialisé par la société ACM. Le bras de la mécanicienne est soutenu par deux sangles accrochées à un long tendeur qui lui laisse une totale liberté de mouvement dans toutes les directions (voir "CTC entreprise" de juin 2017). À noter que plus de soixante exemplaires ont été commercialisés à ce jour.

Libergo-bis

  • Travail debout : il est recommandé d’installer un tapis anti-fatigue devant tous les postes concernés. Ce tapis est aussi recommandé à tous les postes nécessitant des piétinements (découpe numérique, presse à bras tournant, pistoletage, etc.). Des sièges assis/debout peuvent également être proposés.

 

PRISE ET DÉPOSE DES PIÈCES

Il importe de vérifier que les objets devant être manipulés par les maroquiniers soient positionnés dans leur zone de confort. Les chariots ou les espaces de stockage doivent être adaptés (idéalement, réglables en hauteur).

 

AUTRES CONSEILS COMPORTEMENTAUX PROPOSÉS

  • S’étirer pour éviter les courbatures.
  • Marcher pour favoriser la circulation sanguine.
  • Respirer profondément pour se décontracter et pour mieux expulser l’air vicié des poumons.
  • Regarder au loin pour soulager les yeux.
  • S’hydrater régulièrement pour éviter les tendinites.

 

CONCLUSION


L’immense majorité des maroquiniers a apprécié cette démarche de conseils, elle leur a permis de s’exprimer sur leur ressenti, sur leurs besoins, et de participer à la recherche de solutions les concernant directement. À noter que, bien souvent, de petites améliorations sur les postes de travail ont pu être apportées le jour même de l’intervention (réglage d’un établi, rajout d’un appui-pieds, etc.).
Il reste maintenant à capitaliser sur cette démarche, non seulement en motivant régulièrement les maroquiniers, mais également en impliquant tous les acteurs de l’entreprise (Direction, service RH, CHSCT, service méthodes, service maintenance, chefs d’équipe et équipementiers).

Voici quelques suggestions :

  • s’informer : salons (Préventica, ExpoProtection), Carsat (aide financière), INRS ;
  • faire venir des fournisseurs (sièges, tapis anti-fatigue, établis réglables, éclairage, chariot, manipulateur, etc.) ;
  • former les opérateurs (PRAP : Prévention des Risques liés à l’Activité Physique) ;
  • promouvoir les bons gestes et les bons outils ;
  • promouvoir un référent ERGO dans chaque équipe ;
  • proposer de l’aide médicale personnalisée aux postes de travail : ostéopathe, kinésithérapeute ;
  • proposer des exercices d’échauffements, d’étirements ou de réveil musculaire ;
  • favoriser une bonne hygiène de vie (participer à l’exercice d’activité physique, à la consommation d’une alimentation saine).

 

Témoignage de l’entreprise

Métier d’artisanat par excellence, notre métier de maroquinier ne peut se faire qu’en donnant une place importante à l’humain, et donc en mettant ce dernier dans les meilleures conditions : prendre soin de soi, être éduqué et accompagné en conséquent doit devenir naturel et systématique.

La prestation de conseil au poste de travail réalisée par CTC s’inscrit dans une démarche globale visant à développer une culture et des réflexes sécurité-ergonomie et qualité de vie au travail.
C’était aussi l’occasion de faire passer le message que ces bonnes pratiques appliquées à son environnement de travail peuvent s’inscrire également dans la vie de tous les jours et que c’est avant tout pour soi-même qu’on les met en place.

Nous avons souhaité renouveler la totalité de notre parc de chaises de travail par des sièges disposant de tous les réglages nécessaires pour adopter la posture la mieux adaptée à son poste. Encore fallait-il savoir et comprendre quelle était cette "bonne posture". C’est pourquoi il nous a semblé important de combiner la mise en place de ces nouveaux sièges avec cette action de formation-sensibilisation.
CTC était un partenaire crédible pour réaliser cette opération de sensibilisation généralisée à l’ensemble de l’effectif. À l’issue de ce travail d’analyse et de conseil, nous avons remis à chaque personne une "habilitation".

Six mois après, que reste-t-il de ce travail ? La plupart des grosses anomalies ont été traitées sur le champ ou quelques jours après le passage de CTC. Une chose est certaine : c’est que ce sont à présent des sujets sur lesquels les personnes ont acquis une certaine maturité, il est donc possible d’avoir des échanges de façon tout à fait naturelle sur ces problématiques et les demandes d’ajustements sont plus fréquentes et pertinentes.

 

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