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Les objets connectés dans la filière Cuir

Publié dans Innovation Recherche & Développement le 15/01/2019 par Albine Migard
Depuis quelques années déjà, les objets connectés ont incontestablement révolutionné le monde industriel, impactant également les habitudes des consommateurs car désormais bien ancrés dans leurs modes de vie. Toutefois, si les prévisions d'Ericsson étaient de 50 milliards d’objets connectés en 2020, elles ont été par la suite revues à la baisse à 30 milliards d’objets connectés, puis à 20 milliards comme annoncé au CES 2017. Dans notre filière, qu’en est-il réellement ?

Objets connectés : définition

Tout d’abord, rappelons ce qu’est un objet connecté. Un objet connecté est un objet électronique connecté sans fil, qui partage des informations avec un ordinateur, une tablette ou un smartphone par exemple, est capable de percevoir, d'analyser et d'interagir avec notre environnement. Appelé également IoT (Internet of Things) ou l'Internet des objets (IdO), ce concept représente plus largement l’expansion du réseau Internet à des objets et/ou des lieux du monde physique. Il est donc important de bien différencier un objet connecté qui va émettre et/ou recevoir une onde radio pour le transfert de données, d’un simple objet doté d’électronique.

 

Retour sur les produits connectés de notre filière

S’il y a bien un rendez-vous incontournable dans l'innovation technologique en électronique, c’est le CES ou Consumer Electronic Show. Lancé pour la première fois en 1967 à New York, il se tient désormais une fois par an à Las Vegas. Ce salon de renommée mondiale permet de dévoiler au grand public en avant-première les dernières innovations. Le CES de 2017 a donc fêté ses 50 ans, avec la présence forte notamment de la France, puisqu’elle a représenté la 3e présence mondiale au CES avec 275 entreprises (dont la majorité étaient des start-up) et structures exposantes, après les États-Unis avec 1713 entreprises et la Chine 1307 entreprises ! Ce salon fut l’occasion de faire le point sur les produits connectés les plus innovants et aboutis dans différents secteurs, dont un certain nombre dans notre filière. Citons les principales réalisations retrouvées au CES mais aussi d’une manière plus globale (non exhaustif).

La 22e édition du World Electronics Forum s'est tenue pour la seconde fois en Europe, dans la ville d’Angers, du 24 au 28 octobre 2017. Cet événement s'est déroulé dans le cadre de la Connected Week, une semaine dédiée aux objets connectés, où start-up, professionnels et écoles ont pu présenter leur expertise et leur innovation.
wef-angers.com/fr/

 

Du côté de la maroquinerie, des articles ont été dévoilés avec pour la plupart des fonctions de recharge de batteries et des systèmes de traçabilité. 

Hbutler commercialise une collection de sacs et portefeuilles permettant de recharger n’importe quel smartphone. La Maison Gallucha, marque française de maroquinerie et d’accessoires, a présenté son sac à main connecté et intelligent. Équipés du système "Gallucha & Moi", les sacs de la marque sont désormais connectés à leur contenu, communiquant par Bluetooth avec les objets équipés d'un capteur. Citons également Woolet, entreprise qui vend des portefeuilles intelligents notifiant leurs utilisateurs s’ils ont laissé leur portefeuille par mégarde derrière eux. De nombreux sacs à dos ont également été proposés, comme ceux de la société Otonohm, capables de recharger tous types d'appareils nomades (smartphones, tablettes, ordinateurs portables, etc.). Dans le secteur de la petite maroquinerie, nous pouvons mentionner De Rigueur, qui s’était déjà fait remarquer et récompenser au CES de 2016. Cette start-up lyonnaise commercialise des portefeuilles de luxe capables de recharger tous les smartphones sans fil par induction électromagnétique.

Du côté de la bagagerie, de nombreuses valises connectées au caractère pratique et sécuritaire ont été présentées au CES 2017, en réponse à la demande et aux besoins des consommateurs. Nous retrouvons comme fonctionnalités la recharge d’ordinateur ou de smartphone grâce à des ports USB et des systèmes de géolocalisation. Il est ainsi possible de suivre son bagage via un smartphone pendant un trajet, grâce à la mise en place d’un tracker au sein de celui-ci. Autre option qu’il est possible de retrouver : la pesée de valise, afin d’être sûr de ne pas dépasser la limite de poids autorisé par les compagnies aérienne. Certaines valises intelligentes sont dotées d’un système de sécurité basé sur les empreintes digitales, pour que seul le propriétaire puisse ouvrir et fermer sa valise. D’autres fonctionnalités plus marginales peuvent être également trouvées, comme l’accès à des informations concernant le vol ou encore la météo du lieu de destination.
La valise Bluesmart est peut-être l’une des plus abouties. Elle est dotée de plusieurs dispositifs, dont une poignée qui donne le poids précis de la valise, une balise GPS pour la géolocaliser en cas de perte, le verrouillage à distance et la recharge de batterie. Différents modèles sont disponibles à la vente sur le site Amazon. Bibelib, marque Française d’accessoires de voyage, propose et commercialise des housses de valise intelligentes, avec un système de traçabilité intégré pour identifier et tracer les bagages. Plus original, le Modobag est un bagage en cabine qui se transforme en véritable engin motorisé : cette valise abrite un moteur électrique, un guidon télescopique et des cale-pieds escamotables permettant ainsi de circuler "avec style" à une vitesse de pointe de 13 km/h ! Pour finir, relevons les valises qui suivent leur propriétaire, comme le robot Gita de Piaggio, les valises de Travelmate Robotics ou encore la Cowarobot R1 de Cowarobot.
D’autres produits qui n’ont pas été présentés au CES 2017 ont fait l’objet de communication en vue de commercialisations futures. Citons entre autres, la valise connectée Pluggage de chez Delsey. Disponible à l'automne 2017, elle pourra être pesée, localisée et verrouillée via une application mobile. Michael Burke, PDG de Louis Vuitton, a également annoncé que la marque travaillait actuellement sur une valise connectée, dont la sortie serait prévue pour 2017.

Concernant le secteur de la chaussure, c’est sans doute dans le domaine de la santé et du sport que les produits connectés se sont le plus développés. Bon nombre d’articles contiennent des capteurs intégrés, pouvant révéler la température, les calories brûlées, le nombre de pas, les pressions enregistrées sur les semelles, comme l'impact à la foulée… 

Présentée en amont du CES 2017, la nouvelle chaussure de running SpeedForm d’Under Armour génère toujours autant d’enthousiasme. Déjà commercialisée, cette chaussure intelligente analyse les données recueillies lors de la course pour fournir un compte-rendu des améliorations de performance possibles. Vivobarefoot a présenté, en collaboration avec Sensoria, une nouvelle chaussure connectée. Ce partenariat permettra aux chercheurs, entraîneurs et athlètes de tous les niveaux de recevoir des informations biométriques en temps réel et d’améliorer leur technique de prise d’appui en course à pied. Digitsole a proposé sa collection de chaussures et semelles pouvant être chauffées et contrôlées depuis un smartphone et qui fournissent des informations sur la distance parcourue, les calories brûlées. 
La start-up FeetMe a présenté ses semelles connectées (possédant des capteurs de pression) qui permettent une meilleure prise en charge des patients atteints de neuropathie diabétique, les alertant instantanément d’un potentiel danger. AdvanPro Limited a dévoilé un prototype de semelle connectée pouvant, grâce à des capteurs de pression, mesurer précisément les zones de pression pour chaque pied, à chaque pas. ATO-Gear a également développé une semelle connectée à insérer dans sa chaussure de sport, qui mesure la pression des pieds. Rcup, start-up française réalisant des semelles sur mesure imprimées en 3D, a dévoilé son concept de semelles, cette fois-ci connectées. Grâce à différentes données sur la pression plantaire et la posture notamment, elles permettent à l’utilisateur de veiller sur sa santé et sa sécurité, en alertant un tiers en cas d’urgence. Dans une optique de B2C ou B2B, Rcup se place sur le marché de l’industrie. Il s’est notamment associé avec Lemaitre Sécurité, fabricant français de chaussures de sécurité, en vue de créer une chaussure "augmentée" grâce à une semelle intelligente pour accompagner et protéger le travailleur tout au long de sa journée. Toujours présentées au CES 2017, relevons les chaussures haptiques Taclim de Cerevo permettant de sentir les textures sous les pieds lors de la marche. Grâce à des vibrations savamment programmées, elles peuvent reproduire la marche sur la neige, le sable, le bois ou encore le métal. Enfin, Wize & Ope, start-up française, propose des chaussures connectées permettant de guider les utilisateurs avec des systèmes de vibration dans les semelles (la chaussure vibre à droite si l’on doit tourner à droite et à gauche si l’on doit tourner à gauche). Des fonctions lumineuses peuvent également être intégrées pour prévenir les automobilistes, à la manière d’un clignotant.

Bien d’autres produits connectés peuvent être recensés, hors CES 2017. À titre d'exemples, nous pouvons citer la chaussure connectée #Choose de chez Eram qui avait été présentée au CES de 2016, dont la tige est capable de changer de couleur sur commande. Parade, fabricant français de chaussures de sécurité, s'apprête également à lancer ses premières chaussures connectées intégrant un dispositif d’alerte en cas de chute des travailleurs isolés. Une version existe même pour les seniors en perte d’autonomie. Il s’agit de la chaussure E-vone, qui déclenche automatiquement une alarme auprès de la chaîne de solidarité préalablement définie, en cas de chute suivie d’une immobilité du porteur. Toujours dans le domaine de la sécurité, Gaston Mille s’est associé à Intellinium pour le développement de chaussures permettant d’envoyer un signal d’une pression de l’orteil. Citons plus succinctement les semelles de propreté connectées de chez TRAXxs, Mettis Trainer ou Veristride, les chaussures de running connectées AltraTorin IQ, les chaussures connectées Footmoov et Lechal. 

Le domaine de la sellerie a aussi vu arriver les technologies du connecté, permettant de suivre la santé du cheval ou d’acquérir des données liées à la performance du couple cheval/cavalier. Les selliers CWD et Voltaire Design se sont penchés sur la création de selles connectées. Citons également les start-up Equisense et Arioneo, qui se sont positionnées spécifiquement sur ce marché et qui commercialisent des capteurs (à positionner sur la sangle ou une couverture) visant le bien-être du cheval et l’analyse de la performance.

D’une manière plus globale, nous avons pu recenser une petite centaine de produits connectés associés à notre filière. Toutefois, il est important de préciser qu’une grande partie de ces objets ne sont pas encore disponibles à la vente. En effet, sur la centaine de produits, seule une vingtaine serait commercialisée. Beaucoup d’entre eux sont encore au stade de développement et souvent sous couvert de financements participatifs (conséquents). Il y a donc un grand écart entre les effets d’annonce et les présentations de produits lors de salons ou autres (souvent d’ailleurs effectués pour trouver des financements) et la réalité industrielle.

 

Contraintes réglementaires des produits connectés

Afin d’être mis sur le marché, les articles connectés doivent être en accord avec les exigences réglementaires.

Notons trois directives européennes principales associées à nos produits connectés ou dotés d’électronique. Les produits connectés émettant une onde radioélectrique (Wifi, Bluetooth, RFID, GSM…) sont couverts par la directive RED 2014/53/UE (obligatoirement depuis le 13/06/2017). Les simples produits dotés d’électronique (sans ondes radio ou transmission d’information par Infrarouge, Utrason ou Lifi) sont eux régis par la directive CEM (compatibilité électromagnétique) 2014/30/UE et la directive DBT (Directive Basse Tension ou LVD) 2014/35/UE. Ainsi, afin de savoir sous quelle réglementation est inclus un produit, il est nécessaire de connaître avant tout la nature de la transmission des données, si elle existe. 

Remarquons que la majorité des produits cités dans la première partie de l’article sont des produits connectés émettant une onde radio (en lien avec une application smartphone) et sont donc couverts par la directive RED 2014/53/UE. A contrario, les articles dotés de simples recharges de batteries filaires sans fonction intelligente (qui ne transmettent pas l’information sur le niveau de charge) sont eux régis par les directives CEM 2014/30/UE et DBT 2014/35/UE.

Pour être en accord avec la directive RED 2014/53/UE, quatre exigences essentielles doivent être satisfaites : 

  • l’utilisation efficace et optimisée du spectre radio (afin d'éviter les brouillages ou interférences) ;
  • la compatibilité électromagnétique adéquate (afin de contrôler que le produit ne va pas polluer l’environnement avec des ondes électromagnétiques), exigence équivalente à celle de la directive CEM 2014/30/UE ;
  • la sécurité électrique, exigence équivalente à celle de la directive DBT 2014/35/UE (afin de vérifier qu’il n’y ait pas de risque de surchauffe excessive ou d’explosion par exemple, et que l'objet ne représente pas un danger pour l’utilisateur) ;
  • la protection de la santé des personnes par rapport au champ des ondes électromagnétiques (EMF) (dont la Densité Absorption Spécifique ne doit pas dépasser 2 W/kg).

Afin de répondre à la directive européenne RED ­2014/53/UE, il est nécessaire d’être en conformité avec les normes harmonisées, qui vont donner présomption de conformité à la directive européenne. Il est important de noter que les normes de ce secteur évoluent très rapidement. Elles sont révisées en moyenne tous les six mois du fait de l’avancée très rapide de ces technologies, ce qui peut être une contrainte indéniable pour les industriels.

Fonctionnalités retrouvées


La procédure de certification (c’est-à-dire le contrôle par un organisme notifié des tests et des informations techniques), quant à elle, n’est pas obligatoire dans la plupart des cas : c’est pourquoi on parle d’auto-certification. Ainsi, s’il y a obligation d’effectuer les essais, le passage par un organisme notifié est lui facultatif et effectué sur demande (il ne représenterait que 5 % des cas !), tout comme les suivis de production. 

À noter également que cette directive RED 2014/53/UE n’est pas exclusive. Ainsi, une chaussure de sécurité connectée à usage professionnel devra répondre également aux législations relatives aux équipements de protection individuelle (directive 89/686/CEE qui sera remplacée en 2018 par le nouveau règlement européen 2016-425-UE).

De même, les produits devront respecter les exigences applicables à tous types d’articles mis sur le marché européen (REACh, Biocide, etc.) et les exigences liées aux équipements électriques et électroniques (directive RoHS 2011/65/UE, directive D3E 2012/19/UE et la directive 2013/56/UE relative aux piles et accumulateurs…). CTC tient à disposition une note de synthèse sur ces sujets spécifiques.

Enfin, soulignons que les données personnelles comme la position GPS, le nombre de pas, les pressions enregistrées sur les semelles, la température, etc. sont des données dites de "bien-être". Les dispositifs récoltant ces informations devront faire l'objet d'une déclaration auprès de la CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés) par les organismes qui collectent et utilisent ces données (éditeur d'application par exemple).
 

Perspectives

Malgré l’abondance de communication autour des objets connectés, ce marché est loin d’être un fleuve de tranquillité pour les industriels. En effet, de nombreux freins sont associés à ces nouveaux produits, comme le besoin de multiples et nouvelles compétences (électronique, design, fabrication, sous-traitance, logiciel, réseaux, cloud, sécurité), ajouté à des difficultés chroniques (distribution, marges, délais, forte fragmentation du marché). 
Ainsi, si beaucoup de produits font l’objet de véritables engouements marketings, seule une minorité est réellement aboutie et commercialisée du fait de difficultés de développement et de production. 

Toutefois, le monde des objets connectés est paradoxalement enthousiasmant par certains côtés, évoluant sans cesse. Si les objets connectés gadgets ne semblent pas prometteurs, ceux qui sont dotés d’une réelle fonctionnalité devraient répondre aux attentes des consommateurs de demain. De même, les domaines de la santé, du bien-être et du sport semblent les plus porteurs, tout comme les produits qui apportent un caractère pratique et sécuritaire. 

CTC poursuit sa veille technologique sur les objets connectés afin de suivre avec attention l’évolution de ce marché.

 

Plus d'informations !

 

Conseils aux industriels : 

Les normes liées à l’électronique évoluant sans cesse, il est important de demander aux fournisseurs les modules répondant aux dernières normes en vigueur !

Une attention particulière doit être portée à la protection de l’utilisateur vis-à-vis des batteries, les risques d’échauffement excessif étant réels et fréquents !
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